Histoire de la vallée, la Hantzbahn, en 1916

Saviez-vous qu’en 1916 un train circulait depuis Saint-Blaise jusqu’au col du Hantz et même au-delà ?

La ligne de chemin de fer de Schirmeck à Saales et Saint-Dié telle que nous la connaissons aujourd’hui avec ses ouvrages d’art, comme le tunnel de Rothau ou le viaduc de Fouday, date de 1928. Mais il y avait un chemin de fer en Haute-Bruche bien avant cela.

Tout a commencé avec l’ouverture de la ligne Strasbourg – Mutzig, inaugurée le 15 décembre 1864. Un décret de Napoléon III daté du 27 avril 1870 valide l’extension de la ligne jusqu’à Schirmeck via Wisches. L’Alsace ayant été cédée à l’Empire allemand suite au traité de Francfort de 1871, c’est finalement l’administration ferroviaire allemande qui construira la ligne jusqu’à Rothau, ligne qui sera mise en service le 15 octobre 1877. Elle
passera un peu plus tard à deux voies, tandis que le tronçon Rothau – Saales sera aménagé en tramway (une seule voie qui longe principalement la route) et inauguré le 1er octobre 1890. On appelait cette ligne la « Bimmelbahn » ou « la voie qui carillonne » en raison des nombreux coups de cloche que devait donner le mécanicien pour avertir et écarter les charrettes, troupeaux et piétons de la voie.

La Hantzbahn, construite en 1916 en même temps que celle du Donon, est une ligne militaire qui relie Saint-Blaise à la ligne de front (du côté du Ban-de-Sapt) via le col du Hantz afin d’assurer la logistique des hommes et des matériels. Ici pas de ligne forestière comme au Donon sur laquelle s’appuyer, il faut tout construire, tout tracer et installer au plus près du front, avec des éléments préfabriqués de 5 mètres de long une voie de 60 sur 25 kilomètres.

Pour ce travail, l’administration allemande utilisera de nombreux prisonniers de guerre capturés sur le front russe, mais aussi des populations civiles habitant près de la ligne de front et incorporés dans les « bataillons civils de travail ». La Hantzbahn, mise en service en juillet 1916, était strictement organisée avec des horaires précis, des directives précises quant au type de machine, au nombre de wagons, aux vitesses et aux tonnages à respecter selon les sections de la ligne et un personnel conséquent, 176 personnes chargés du bon fonctionnement des machines (six locomotives à vapeur et quatre machines à benzol) et de leur entretien et de celui du réseau ferré. La ligne comprenait huit stations avec de
véritables petites gares équipées de voies d’évitement permettant aux convois de se croiser ou de manoeuvrer.

On utilisait principalement les locomotives à vapeur, comme cette 040 avec l’inscription
Hantzbahn, mais dès que le panache de fumée risquait d’être observé par « l’artilleur d’en
face », on les remplaçait par des machines au benzol beaucoup plus discrètes.
Des tunnels de camouflage ont également été installés comme celui-ci entre la station
Saint-Louis et la station « Spanische Wand », littéralement station paravent.

Il est intéressant d’observer le « Fahrplan » (fiche horaire) de la Hantzbahn et remarquer qu’il y a une centaine d’années il fallait trois heures de train pour rejoindre Strasbourg, ou 45 minutes pour grimper jusqu’au col du Hantz depuis Saint-Blaise. Mais combien de temps était-il nécessaire à pieds ou en charrette ?
De ce circuit sinueux et aux nombreuses gares, il ne reste alheureusement pas grandchose.
On peut encore voir l’ancienne gare de Saulxures au bord de la route (RD1420), juste devant le talus de remblai du nouveau tracé de 1928.

Et l’ancienne « Zollhaus » (maison des douanes) en service jusqu’en 1918 sur la route du Hantz, devenue propriété privée, puis restaurant dancing après la seconde guerre avant d’être aménagée en maison de convalescence et de repos. Elle semble s’ouvrir à une nouvelle
destinée depuis peu. Et un chemin de promenade sur l’ancien tracé de la Hantzbahn pourrait bientôt voir le jour.

5 Replies to “Histoire de la vallée, la Hantzbahn, en 1916”

  1. Sur les lieux d’un captage du Vermont subsiste un ouvrage où l’on ‘rechargais’en eau la locomotive ,avant le château St Louis. Je connais une carte postal de la gare, dont des traces sont encore visible,au château St Louis.

  2. Toujours intéressant, émouvant, d’utiliser les anciennes voies comme parcours pédestre. Cela alimente le fantasme et le goût pour l’histoire.
    C.Colin natif de Moussey

  3. Cet article est très très intéressant pour qui se passionne pour ce pan d’histoire ferroviaire militaire durant la 1ère guerre mondiale. Il serait utile d’indiquer sur un plan, l’emplacement des gares mentionnées en allemand.

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